30.5.09

Peut-on hiérarchiser les priorités de recherches ?

30/5/09 - Dans mon précédent billet, j’ai évoqué les approches proposées par l’Institut Français du Tourisme (IFT) pour décloisonner les disciplines et les acteurs. Aujourd’hui, je vous invite à découvrir les propositions faites pour « hiérarchiser les priorités » de la recherche en tourisme, en rappelant que le texte officiel est disponible sur le site de l’IFT.

Une des hypothèses posées au début de ce débat a été de considérer que la France devrait/pouvait accueillir 60 à 80 millions de touristes dans 50 ans ! Cette hypothèse étant justifiée par l’arrivée de nouveaux clients sur le marché international du tourisme. Et d’immédiatement se poser la question de savoir d’où viendraient ces nouveaux clients, quelles seraient leurs attentes ? Et de convaincre la Société de l’intérêt de l’industrie du tourisme pour la nation ! Bien que je sois en accord avec l’aspect mathématique de cette approche, je ne peux la prendre en considération sans imaginer l’impact écologique d’un tel accroissement de visiteurs sur les principaux sites touristiques de notre pays que cela soit les centres culturels urbains, le littoral ou la montagne. Devons-nous adhérer à cette approche quantitative ? N’existe-‘il pas d’autres pistes qui permettraient d’augmenter la contribution du tourisme au PIB tout en protégeant notre patrimoine ? Un intervenant soulignait qu’au début du 19e siècle, le tourisme était un contributeur bien plus important à l’économie française. Il l’était alors avec des infrastructures bien moins développées qu’elles le sont aujourd’hui, mais toutes étaient alors d’une qualité relative bien supérieure pour l’époque. Alors pour gagner un point de PIB, je pense qu’il existe un mix de pistes permettant d’accroître la consommation touristique notamment en proposant des produits de plus haut de gamme et plus complet sans pour autant doubler le volume des entrées sur le territoire.

Quant aux priorités en elles-mêmes, elles ont été présentées autour de 4 axes :

1. Les priorités académiques “générales» comportant plusieurs sous-sections telles que Qu’est-ce que la recherche en tourisme ? Historique du poids économique du tourisme en France ; mesure de l’impact du tourisme sur les autres secteurs d’activités ; réactualisation des indicateurs économiques ; évolution de la perception du tourisme français par les étrangers ; points forts et points faibles de l’exercice “à la française” des métiers du tourisme face à l’internationalisation ; Évaluation et redéfinition des modes de gouvernance territoriale du tourisme : qui peut, qui doit le faire ? Comment définir une stratégie de développement durable aux différentes échelles territoriales ? Les identités culturelles et touristiques face à la mondialisation.

2. Les priorités académiques “appliquées» comportant une longue liste de sujets qui vont des nouvelles législations et réglementaires en passant par toutes les formes de tourisme, les facteurs d’innovation en tourisme ou encore la démographie et le tourisme.

3. Les priorités d’entreprises articulées selon 4 domaines principaux :

a. La consommation et le marché dont les orateurs n’ont malheureusement pas pu détailler leurs intentions. Dommage, car en ce domaine on peut s’attendre à des évolutions significatives au cours des années à venir. Plus généralement, j’ai développé dans mon ouvrage Toursime 2.0 une théorie démontrant que les changements comportementaux des consommateurs que sont les touristes bouleversaient de nombreux aspects du marketing touristique. Ne voyons-nous pas de nombreuses agences de voyages « brick-and-mortar » être en difficultés, les guides papier être remplacés par les évaluations collaboratives ? Autant de phénomènes qui ne sont pas que des avancées technologiques, mais aussi une vraie métamorphose des processus marketing.

b. Les infrastructures qui sont introduites dans le communiqué remis aux participants essentiellement sous l’aspect des transports. Là encore, il est probable que les vingt prochaines années apporteront leur lot de surprises et pas uniquement pour transporter les touristes.

c. Le développement durable.

d. La technologie réduite à seulement 2 aspects que sont le RFID et le GPS. Là, je suis carrément resté sur ma faim. Mais, cela peut se comprendre compte tenu du profile du Professeur Jacques MARSEILLE, Président du Comité scientifique et professionnel, qui s’est, en plusieurs reprises, positionné comme un historien. Plus que de faire une longue liste des technologies qui vont modifier l’offre et la demande en matière touristique, j’ai pris la résolution de faire parvenir à comité non seulement ma vision, mais aussi 21 propositions pour le tourisme du 21e siècle que nous avons listé avec un panel de professionnels du tourisme coordonnés par Philippe FABRY. En ce domaine, la France a des atouts en particulier en informatique que cela soit dans le domaine des infrastructures (WiMax, ADSL, Fibre, stations météo…) que des logiciels (traitement du langage, Intelligence artificielle, Agents conversationnels animés, cartographie, imagerie 3D, web sémantique…). Nul doute que l’IFT saura mobiliser les ressources de l’ex ODIT, du CNAM ou des nombreux laboratoires en informatique pour initier des programmes de recherche plus ambitieux et plus ouverts.

4. Quelques autres propositions dans des domaines aussi variés que le développement touristique et fiscalité, la chaîne de valeur et le tourisme comme moteur de développement des pôles d’excellence rurale et leur transformation. La deuxième proposition, à elle seule, peut mobiliser énormément d’énergie et de financement afin que les prestataires français et européens puissent proposer de manière aisée, leurs services et produits afin qu’ils s’intègrent dans les packages dynamiques proposés par de nombreuses agences en ligne tout autour de la Planète. Cela passe sans aucun doute par de nombreuses actions d’évangélisation et de formation aux standards XML et que l’industrie accepte d’entrer sur la scène internationale en oubliant un peu les standards franco-français. Bref, il y a du travail !

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